Crédit photo : Josée Lecompte

Crédit photo : Josée Lecompte

Originaire du sud de la France, Muriel de Mai vit et travaille à Montréal.
Après des études en arts et en graphisme, elle se rend à Paris en 2008 pour goûter à l’effervescence créative de la capitale. C’est grâce à cette curiosité artistique qu’elle rencontre plusieurs artistes du tatouage et qu’elle commence à se passionner pour cette technique qui l'impressionne : marquer le vivant de façon permanente. 

En 2009, sa grand-mère maternelle, figure matriarche de la famille, décède. Muriel est bouleversée par cet événement qui va l'emmener à s’intéresser à ce qui reste de la vie d'une personne après sa disparition. Elle commence à collectionner les anciennes photos de famille et à se questionner sur le temps qui passe et les souvenirs qu'on en garde. Cet événement va aussi l'amener à réfléchir à sa propre mortalité, thème que l'on retrouve en toile de fond dans toute sa pratique.

C’est dans ces circonstances qu’elle entame un premier changement majeur dans sa vie : elle sera tatoueuse et marquera les gens avec son art. Commence alors un apprentissage qui sera difficile. Elle comprend que le tatouage est un monde d'homme et que dans ce milieu se cristallise toutes les oppressions possibles. Une colère sourde ne la quittera jamais et elle décide qu’elle changera les choses. Son idée d’ouvrir un salon de tatouage féministe et inclusif se développe à ce moment là.

En 2012, Muriel s'installe à Montréal, ville dynamique et artistique, et continue sa pratique du tatouage.

Sa colère et ses intentions n'ayant jamais cessées, elle ouvre 5 ans plus tard son propre salon de Tatouage, Minuit Dix,  qui compte aujourd'hui 8 artistes femmes* de talent. La non-mixité de son studio va beaucoup influencer son travail, dont le sujet devient principalement les femmes*. Elle développera à travers elles ses reflexions au sujet de l’identité, de la solitude, des masques que l'on porte en société et bien sûr, la mort.

En se questionnant sur sa pratique, Muriel développe la conviction que le tatouage, même s'il est considéré comme étant une forme d'art permanente est, en fait, un art éphémère dont les œuvres disparaissent avec les personnes qui les portent. Elle revient donc vers des pratiques traditionnelles, comme la peinture et la sculpture, qui laisseront une trace de son passage à travers ce temps qui passe. 

Son Intérêt pour les photos de famille, plus précisément les portraits de femmes de l'époque d'après guerre - qui semblent détenir un secret aujourd’hui oublié - l'amène à développer une esthétique monochrome et nostalgique, teintée de mystère et souvent surréaliste. 

“A photograph is a secret about a secret. The more it tells you the less you know.”
—Diane Arbus